Soupçons de financement libyen : Djouhri aux arrêts, Sarkozy aux aguetsArrêté dimanche à l’aéroport de Londres et placé en garde à vue, l’homme d’affaires est suspecté de «fraude» et «blanchiment d’argent».
Il paraissait narguer la justice française, paradant dans les hôtels de luxe en Algérie, Afrique du Sud, Russie ou au Royaume-Uni. Mais plus dans les palaces parisiens, depuis que son nom apparaît avec récurrence dans l’affaire portant sur le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Fini de rire : Alexandre Djouhri, le plus singulier des intermédiaires, a été arrêté dimanche à l’aéroport de Londres, puis placé en garde à vue. Sollicité par Libération lundi, son avocat n’a pas souhaité s’exprimer.
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Un autre financement détourné serait passé par Claude Guéant, qu’Alexandre Djouhri a aussi fréquenté. Au printemps 2015, dans la foulée de la perquisition chez le businessman, l’homme a tout faire de Sarkozy est mis en examen pour blanchiment. En cause, la revente de deux croûtes flamandes d’un obscur peintre du XVIIe siècle. La encore, un généreux investisseur s’est dévoué pour les racheter 500 000 euros en 2008, alors que Sotheby’s les évaluait à dix fois moins. Son nom : Khaled Bugshan, homme d’affaires saoudien, partenaire d’Alexandre Djouhri au Moyen-Orient. Cet argent-là semble avoir suivi le même circuit financier que les fonds qui auraient été destinés à Villepin.
Désormais aux mains de la justice française, cet incroyable hâbleur va pouvoir donner le meilleur de lui-même. Après la perquisition de son domicile genevois, il ricanait publiquement : «C’est un coup d’épée dans l’eau. Il ne manquait plus qu’un porte-avions sur le lac Léman et des hélicos dans le ciel.»
Depuis, les enquêteurs ont fait leur miel de ses écoutes, dont Mediapart a publié des extraits savoureux : «Il faut faire une moins-value pour être honnête ? Attends, mais… je te dis, c’est des secoués complets. Ils ont vraiment un grain !» Parole d’expert… Villepin tente de le consoler : «Plus on te tape dessus, plus c’est bon pour ton business avec des gens qui se disent : "Putain, celui-là, il est costaud !"»
Toujours sur écoute, Alexandre Djouhri s’est aussi épanché, fin 2015, auprès d’Alain Marsaud, ancien magistrat alors devenu député (UMP) : «J’ai pas de problème avec la police, j’ai juste un problème avec la presse. Parole d’honneur.» Son interlocuteur lui signifie que son retour au bercail n’est pas forcément souhaité : «Va demander à Sarkozy s’il est pressé que tu rentres ! Il préfère que tu sois pas en France, que t’ailles pas voir le juge !» C’est désormais au programme. -
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