Antenne de Roxane sur le bio:
Je mange exclusivement bio depuis une dizaine d'années maintenant, et je suis très loin de rouler sur l'or. Les choix alimentaires, ainsi que le mieux plutôt que le plus permettent de limiter la note. Le choix du canal de distribution (tel que l'AMAP) permet aussi de limiter les coûts, tout en alimentant un cercle vertueux de subvention d'un paysan, de respect de la terre, de nourriture saine, de lien social, de localisme, etc.
Le bio est bien sûr un moyen de préserver sa santé, mais c'est aussi et peut-être encore plus un moyen de soigner la terre, l'aider à se rétablir d'un siècle d'agression humaine. Personnellement je cherche à ce que ce qu'on nomme agriculture FNSEA disparaisse au plus vite de la planète. Aujourd'hui, à cause du labour et des intrants chimiques, le taux de lombrics par m3 de terre est à un record historiquement bas et préoccupant, surtout quand on sait que le lombric est l'indicateur élémentaire de la vie de la terre. Sans lombric, pas de vie possible dans la terre, et donc pas de culture et de végétation possibles. Comme le dit Lydia Bourguignon (agro-biologiste bien connue) "Aujourd’hui, on compte moins de 100 kg de vers de terre à l’hectare au lieu de 2 tonnes autrefois. C’est un effondrement complet car cette faune est très active, elle passe son temps à brasser les éléments et aérer le sol. » C’est la réaction en chaîne : quand la faune n’est plus là, l’humus se perd. Et « sans humus, l’eau ruisselle, lessive et érode les sols. Les polluants chimiques utilisés en surface descendent et infiltrent les nappes phréatiques, puis les rivières. Les sols s’acidifient, les argiles partent dans les rivières, ça donne les marées vertes en Bretagne et des rivières pleines de boues. »
Il y a d'ailleurs une opération nationale de comptage des lombrics en ce moment, avec un appel à volontaires:
https://ecobiosoil.univ-rennes1.fr/OPVT_accueil.phpLe bio est donc un moyen d'arrêter de soutenir et subventionner l'agriculture chimique qui pollue les nappes phréatiques, l'air, tue la vie, la faune, la flore. Le principe développé par La Boétie dans son
Discours sur la Servitude Volontaire: pas besoin de lutter contre ce qui nous oppresse, arrêter de le soutenir est amplement suffisant, et le colosse dont nous sommes les fondations s'effondrera de lui-même.
Acheter bio est donc clairement un acte politique.