Ainsi donc, Morgane, dès ta troisième prestation, c'est à un " baptême du feu" que tu as été confrontée, avec un véritable déchaînement de violence.
"Dé"-chaînement... est bien le mot qui convient pour désigner ce qui s'est passé hier après-midi sur nos ondes, démontrant le rôle salutaire que peut avoir à jouer une radio telle que RIM.
Durant 3 heures et demie ( les auditeurs ayant choisi de s'exprimer sur le drame d'Aulnay ) ce sont des êtres qui peut-être n'avaient jamais pu libérer publiquement leur âme et leur coeur de la détresse, de la révolte et du désenchantement qui s'y étaient accumulés depuis si longtemps, qui ont pu le faire.
Et Morgane fut parfaite. Gardant le silence pour laisser chaque fois à chacun le temps (parfois très long ! ) de laisser son désespoir s'épuiser.
Suivait alors une musique apaisante, contrebalançante, pour calmer et rasséréner chaque désemparé, chaque écorché vif qui venait de s'exprimer.
Oui, plus que jamais, la raison d'être de Rim s'est clairement révélée hier, grâce à Morgane.
Mais qui, mieux que Julien Green, pourrait en parler ? ....
" Une voix ... quelqu'un ... c'est ce qui rend une radio irremplaçable, à l'heure où la télévision essaie de violer la vie, en faisant son irruption quotidienne dans le royaume secret des appartements, transformant l'individu en un être passif puisqu'il n'a qu'à regarder, sans effort d'imagination, et sans recherche à l'intérieur de lui-même.
Alors que la radio, c'est l'oeil devenu oreille.
L'oreille voit, l'imagination reprend son pouvoir, la musique des mots joue à plein, et les idées sans images redeviennent vivantes et créatrices d'images.
Et puis la voix ne ment pas. Elle est vérité en elle-même, elle révèle le Moi profond, elle prend sa place dans le souvenir,
aussi vraie qu'un parfum,
aussi subtile. "
Mais parmi les réponses que tu t'autorisas à donner, Morgane, il en est une concernant le racisme, à laquelle je n'avais stupidement jamais pensé ... et qui est pourtant une évidence :
" En effet, as-tu souligné, quelle que soit notre nationalité ou notre race,
c'est le même sang rouge qui coule dans nos veines.