C'est l'histoire d'un type comme on n'en voit pratiquement jamais à la télé. Il n'a pas été alarmé par une souffrance déchirante.
Au creux de la nuit, vers deux heures du matin, quand tout va pour le mieux, un réveil léger après un rève harmonieux,
et soudain est apparue une gène assez persistante dans le bras gauche, un petit inconfort qui va pointer jusqu'au sommet de l'épaule
et se poursuit vers le creux ou la pliure du coude. Il se dit alors que c'est juste un inconfort, un malaise passager.
Ca fait tellement pas mal que c'est surement un phénomène banal; au point même qu'il parvient à se rendormir peu après.
Le lendemain, même heure environ, le même symptôme. Pourquoi s'en faire davantage que la veille ? Il respire profondément.
Quelques pas dans l'appartement, et tout a disparu. La troisième nuit, cette fois il va devoir s'informer un peu.
Les signes cliniques sont évidents : un caillot s'est formé dans une artère, à bas bruit, c'est un angor de repos : un infarctus.
Le genre de truc qui se produit justement quand la respiration est lente et l'oxygénation du sang est au minimum.
L'angor d'effort, au contraire, pouvait le guetter en soulevant une valise, en pleine action musculaire.
Pourtant, à la télé, ce genre de problème est systématiquement démontré comme une crise extrêmement douloureuse.
C'est assez renversant que toutes les campagnes de prévention, contre la grippe, le rhume, ou en faveur des vaccins,
négligent aussi bien d'alerter sur l'incident cardiaque à faible douleur. Au lieu de mobiliser les patients dès les premiers signes.
Dans mon exemple, une infirmière lui a dit : "La semaine dernière, nous avions un jeune adulte de 40 ans - il a attendu 30 jours avant de venir consulter. Il ne ressentait qu'un malaise... Chez lui, le muscle cardiaque a été affecté et les dommages sont devenus irréparables."
Le cas que j'évoque a été traité par la pose d'un stent, un petit ressort enrobé d'un produit détartrant, et tout va bien pour lui.
Mais la santé publique mériterait bien une campagne de prévention sur les infarctus silencieux, et ne pas laisser penser
que c'est un phénomène nécessairement déchirant ni même douloureux. Histoire de limiter les dégâts.